Les portables dangereux ? Certains le savaient depuis 1999

 

Les portables dangereux, un scientifique américain, le Dr George Carlo, en avait démontré la réalité depuis 1999

Dans un rapport rendu public le 1er juin, l’OMS admet que les portables peuvent être dangereux, après avoir compilé des dizaines d’études sur le sujet. Pourtant, dès 2001, un livre américain révélait les dangers du portable. Son traducteur français a selectionné lesbonnes feuilles de l’ouvrage pour Atlantico. Edifiant.

 

Il a fallu douze ans pour que « la science » estime « peut-être dangereuses » pour le cerveau les ondes électromagnétiques des téléphones portables, après de premières études allant en ce sens dès 1993. Or, dès 1999, un scientifique américain, le Dr George Carlo, en avait démontré la réalité. Le Dr George Carlo est un homme foncièrement honnête et un scientifique incorruptible. La naïveté fut son moindre défaut. Recruté par le lobby mondial des constructeurs et des opérateurs, la CTIA, Cellular Telecommunications Industry Association, dont il était le garant scientifique, il eut le courage de parler publiquement de ses découvertes et découvrit… que toute vérité n’est pas bonne à dire. Dès lors, il fut réduit au mutisme, menacé, muselé. Pourtant, en France, un journaliste curieux, Olivier Magnan, avait repéré le livre que ce chercheur avait réussi à publier aux États-Unis en 2001. Il l’avait traduit la même année et publié chez un éditeur aujourd’hui disparu. George Carlo, avait eu raison avant tout le monde. Mais il menaçait alors le marché gigantesque de la téléphonie mondiale. Or, quand les dollars parlent, la santé publique passe au second plan. En France, le livre passa inaperçu. Il mériterait une réédition sans en changer une virgule. Extraits.

« La première vague d’informations calamiteuses qui ébranla l’industrie du téléphone cellulaire remonte à 1993. L’émission Larry King Live sur CNN avait été tout entière consacrée à un procès intenté contre ladite industrie par une victime de cancer. Dans l’espoir de tempérer l’inquiétude de l’opinion et apaiser les pressions gouvernementales, les gens des télécoms se tournèrent vers le Dr George Carlo, expert en santé publique. Sa mission : superviser un programme de recherche et de surveillance doté de 25 millions de dollars, capable, dixit les industriels eux-mêmes, de convaincre le public de l’innocuité des téléphones portables. Au cours des premières années de déroulement du programme, alors que Carlo n’avait encore mis en évidence nul cancer ni maladie d’aucune sorte, les relations entre industrie du téléphone et le chercheur furent au beau fixe. Plus tard, Carlo lança une série d’expériences à partir de protocoles d’exposition nouvellement mis au point. Alerte rouge : elles aboutirent au constat que les rayonnements des téléphones cellulaires pouvaient effectivement induire le développement de tumeurs cérébrales ou autres cancers, tout comme susciter l’apparition de maladies diverses. L’industrie du portable réagit par l’attaque : Carlo était devenu son ennemi – dès lors frappé d’ostracisme en public et discrédité en coulisses. À la veille de 2001, le gouvernement américain n’avait toujours pas pris l’initiative d’informer le public. Pour saisir tout ce qui s’est passé mais surtout tout ce qui ne s’est pas passé – force nous est de réfléchir au téléphone portable dans une autre perspective : admettons qu’un téléphone mobile (fait pour faciliter la communication orale) ait été conçu comme une substance à avaler, style comprimé ou gélule. Alors, le gouvernement aurait exigé des tests, histoire de s’assurer de son innocuité avant sa mise sur le marché. Si les tests avaient abouti aux conclusions alarmantes de nombre d’études, y compris celles du programme Carlo, les portables auraient été sans doute retirés de la vente jusqu’à ce que des modifications leur soient apportées qui les rendent inoffensifs – comme, au minimum, l’adjonction obligatoire d’écoute. Un texte réglementaire aurait, dans tous les cas de figure, exigé que des mentions de mise en garde soient apposées sur appareils. Mais sous prétexte que les téléphones cellulaires se positionnent près du cerveau plutôt que de se voir avalés comme une gélule, ils ont échappé à toute analyse avant commercialisation. » *

Le Dr George Carlo rend publique sa découverte devant les instances du lobby. Tom Wheeler est alors le grand patron de la CTIA.

« Onze heures moins dix. Nous sommes le 2 février 1999. George Carlo et Nesbìt viennent de quitter la tour où s’abritent les bureaux de la WTR. Ils viennent de franchir un block vers l’ouest sur N Street. Ce chemin, Carlo l’a accompli quantité de fois depuis les premières années, en sa qualité de membre certifié de la CTIA. Puis quelquefois seulement au cours des années de transition quelque peu conflictuelles. Et quasi jamais ces dernières années, alors que ses relations avec Tom Wheeler jouaient les montagnes russes. Carlo et Nesbit parvinrent à Connecticut Avenue, poussèrent les portes du somptueux building du 1250, gagnèrent la salle de conférences de l’étage de direction.

La porte était fermée. Nous cognâmes au battant. On nous ouvre. Nous entrons. Silence. Autour de la grande table en bois massifs tiennent Tom Wheeler, Margaret Tutwiler; vice-présidente chargée des relations publiques, au Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères James Baker sous l’Administration George Bush, Basile, více-présidente de la CTIA chargée de la santé et de la sécurité, en réalité garde-­chiourme de la WTR et de moi­-même. Enfin Brian Fontes. autre vice-président. Ils venaient apparemment de s’entretenir avec le Dr Martin Meltz, lequel. à ma grande surprise, se tenait en milieu de table, du côté de la porte. À notre entrée, ils se taisent. On entend seulement un projecteur trônant au centre de la table, dont le faisceau intéresse le mur opposé à la parte – il est sous tension, mais ne projette encore rien à notre arrivée.

J’ai l’impression que Meltz vient de briefer tout le monde sur l’étude des micronoyaux.

On abrège les civilités et l’on se met au travail. Je distribue des photocopies des tableaux que je vais projeter. Je commence par les résultats de l’étude d’Epidemiology Resources sur la mortalité. Première diapo, le détail de leur analyse des accidents d’automobile mortels parmi les utilisateurs de cellulaires. Je me lance…

« On voit là une aggravation statistiquement probante des risques mortels causés par un accident de la circulation parmi les utilisateurs de téléphones analogiques, que l’appareil soit porté à l’oreille ou soit main libre.»

Jo-Anne Basile m’interrompt. « Pourquoi inclure cette analyse ? Elle ne fait pas partie de notre Note de travail. Ce n’est pas votre boulot.»

« Jo-Anne. Je parle l’étude portant sur les causes de mortalité. Toutes les causes. C’est la démarche adoptée en général pour ce type d ‘étude épidémiologique. L’ignorer serait une erreur. D’autant que le risque d ‘accident automobile apparaît dans l’analyse comme le résultat le plus significatif »

« Sur cette question, nous avons notre propre approche. Laissez tomber. »

À l’entendre ainsi me parler devant Wheeler et Tutwilerz je prends » conscience qu’elle joue un bien mauvais rôle. Elle était censée nous encadrer, et voilà que les questions de sécurité automobile la prennent au dépourvu. Certes, la CTIA avait écarté la WTR du domaine de la sécurité automobile en se référant aux restrictions budgétaires stipulées par la Note de travail. Oui, mais l’étude de l’Epidemiology Resources y faisait référence, et je me devais d’en informer Wheeler et la CTIA. Je poursuivis donc. Ces données semblent montrer un dosage de réponse pour une utilisation définie à la fois en termes de minutes par jour et de nombre d’appels par jour : plus ces appels et ces minutes sont élevés, plus le risque croît. »

J’étais venu à exposer ces éléments dans la mesure où ils émanaient de l’étude la plus étendue à ce jour, forte de plusieurs centaines de milliers de témoins sur plusieurs années, ce qui exigeait qu’on la prenne au sérieux. Ses données se révélaient des plus probantes.

Au chapitre des minutes/jour d ‘utilisation du cellulaire, la signification s’énonçait ainsi : une personne qui utilisait son portable moins d’une minute par jour courait un risque d »accident mortel de l’ordre de 5 pour 100 000. À partir de 3 minutes, le risque dépassait 10 pour 100 000. Au-delà, le taux grimpait à 12, 5. L’étude tablait sur plus de 300 000 personnes et par an. Un échantillon très élevé.

L’analyse par le nombre d’appels/jour corroborait les chiffres des minutes/jour. À partir du moment où deux types différents de mesures aboutissent aux mêmes conclusions, l’on peut dire que l’on observe le réel.

Les gens qui, en moyenne, passent moins d’un appel tous les deux jours courent un risque mortel de I ‘ordre de 5 pour 100 000. A 1.5 appel/jour,11 pour 100 000 – accroissement significatif au plan statistique. Au-delà de 1,5 appel/jour, le taux atteint 13,4 pour 100 000. Encore une fois, un chiffre significatif.L’analyse par années d ‘utilisation montre que, peut-­être, les utilisateurs ont pris l »habitude de conduire tout en téléphonant. En-deçà de trois ans d’utilisation, on augmente son risque d’accident mortel – d’environ 8 pour 100 000 – par rapport aux conducteurs sans téléphone, ou qui ne l’utilisent pas. Mais au-delà de trois ans, le taux de mortalité n ‘est plus significatif – il chute à 4 pour 100 000 à peu près.

Jo-Anne saute dans la brèche. « Il n’existe aucun moyen de savoir si les gens qui sont morts utilisaient ou non leur portable au moment de l’accident, n’est-ce pas ? »

« C’est vrai. L’étude se fonde sur des certificats de décès, qui n’en font pas mention. Il n’empêche que les données sont significatives, et que l’étude est très large. Il s’agit de la confronter aux autres études consacrées aux accidents. »

Basile s’entête : elle suggère que les études étalonnées par minute/jour et appel/jour ne peuvent se corréler aux analyses portant sur les armées d’utilisation. Et là, je ne suis pas d’accord. »

Au final, le Dr George Carlo sera « viré » du programme de recherche qui avait été financé par la CTIA. D’autres chercheurs, en reprenant ses expériences, parvinrent aux mêmes résultats : le rayonnement électromagnétique dirigé sur le cerveau de rats selon des protocoles très fins d’analogie avec l’utilisation contre l’oreille humaine induisait bien des cancers. Voici la conclusion du journaliste Martin Schram, co-auteur du livre avec George Carlo (le WTR était le groupe de travail fondé par George Carlo avec le financement de la CTIA).

Introduction par Martin Schram, journaliste américain, co-auteur du livre avec George Carlo.

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