Dans une lettre adressée au directeur du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), plusieurs acteurs de la société civile – dont le Réseau Environnement Santé (RES) ou l’Environmental Health Trust – demandent que la réunion de le Monographie du CIRC portant sur l’évaluation du risque cancérogénique des ondes électromagnétiques soit menée avec la plus grande attention. Cette rencontre aura lieu à Lyon du 24 au 31 mai 2011et devra aboutir à une classification des champs électromagnétiques (et de leurs usages) en trois groupes : cancérogène reconnu, probable ou possible. Une telle classification pourrait servir au législateur pour de futures réglementations.
Les cosignataires de la lettre s’interrogent sur la date choisie pour cette réunion. En effet, elle devrait avoir lieu avant que l’ensemble des résultats de la plus grande étude jamais réalisée sur ce sujet, l’étude INTERPHONE, ne soient publiés et analysés. Cette étude « qui compte plus de 6600 cas de cancers et encore plus de référents, recrutés entre 1999 et 2004 dans 13 pays […] n’a pas encore livré tous ses secrets » souligne la missive envoyée au CIRC qui demande à ce dernier de « tout mettre en oeuvre pour pousser les nombreux-ses investigateur-rice-s à publier au plus tôt (avant fin 2011 ?) les résultats qui font encore cruellement défaut ».
Point encore plus délicat, les signataires de cette lettre soulignent le manque de transparence concernant les experts sélectionnés pour participer au Groupe de travail. « Nous aurions donc souhaité pouvoir consulter sur le site des Monographies du CIRC les déclarations d’intérêt (Declaration of interest for WHO experts) que ces expertes ont rempli et qui doivent être dans les mains du CIRC » déclarent-ils en relevant la présence de personnes dont les relations avec des groupes d’intérêts sont loin d’être anecdotiques. Par exemple, la lettre souligne que le Professeur Anders Alhbom, président du Groupe de travail du CIRC, « serait le frère de Gunnar Ahlbom, un lobbyiste connu à Bruxelles pour son travail pour le principal opérateur de téléphonie mobile suédois TeliaSonera et les deux frères auraient en 2010 ouvert un cabinet de consultants, Gunnar Ahlbom AB, avec adresse à Bruxelles ». Lors de la finalisation de la lettre, le CIRC annonçait que ce dernier se retirait du Groupe de travail.
Les signataires se disent choqués par les propos de Jack Siemiatycki, professeur à l’université de Montréal, qui, selon ses déclarations à la presse, aurait été choisi pour diriger le sous-groupe Epidémiologie. Selon eux, ce dernier aurait affirmé « qu’il n’y a pas de risques liés à la téléphonie mobile et que si le principe de précaution avait été mis en place il y a deux mille ans, nous en serions encore à l’âge des cavernes ».
Devant une telle situation, il reste à espérer que le président de CIRC saura ouvrir le débat et clarifier les réseaux relationnels de ses experts afin d’éviter qu’un travail partial et discutable serve de base à une éventuelle législation sur ces question de risques liés aux ondes électromagnétiques.
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